de la Thailande vers l'Afrique du Sud
Voyage de Niaouli en 2009
entre l’Asie du sud-est et l’Afrique du Sud
Asie du sud est
Bateau de pêche en chantier
En mai 2008, après un chantier d’un mois sur Niaouli en Thaïlande, en compagnie des pêcheurs et de leurs dragons peints sur la coque pour éloigner les mauvais esprits, nous laissons le bateau en marina en Malaisie pour rentrer travailler en France. C’est le début de la mousson de sud-ouest en Asie. Dans 6 mois, en décembre, les vents tourneront au nord-est, bons pour repartir vers l’océan Indien.
Niaouli en chantier en Thailand
En décembre, mon chantier de 35 logements est presque terminé en gros oeuvre, à Perros Guirec (22), Graida s’est occupé d’un couple de personnes âgées. Nous repartons rejoindre Niaouli en Malaisie. Nous faisons un crochet par Bruxelles pour rendre visite à Philippe, Mireille et leurs 2 enfants. Ce sont les anciens propriétaires de Niaouli.
Philippe a entièrement construit le bateau, à l’époque gréé en jonque.
Nous retournons en Thaïlande pour une dernière croisière en baie de Phangnga, près de Phuket.
Puis nous quittons l’Asie (Phuket) le 31 janvier 2009 pour une navigation vers Adou,au sud des Maldives et l’atoll de Salomon aux Chagos, a 1800 milles (3300 km) de Phuket.
Le vent est plutôt faible jusqu’au nord de Sumatra.
On est près de la route des cargos qui entrent et sortent du détroit de Malaka.
Dans l´océan Indien, nous avons un bon vent de travers jusqu'à Adou, au sud des Maldives, oú nous faisons une courte escale pour rapprovisionner en frai, le 15 février. Nous n’aurons pas l’occasion de faire des courses avant juin prochain à Madagascar. On fait aussi les pleins d’eau: 300 litres, en comptant sur la pluie pour tenir 4 mois.
Les Chagos (Atoll de Salomon)
L´île de Bodam dans l´atoll de Salomon
Nous arrivons dans l’atoll de Salomon le 24 février. Nous avons dû demander avant le départ un permis aux Anglais par Internet pour 3 mois, payant (100 livres par mois).
Il y a déjà quelques bateaux au fond de l’atoll, au mouillage de Bodam, le mieux protégé.
Le mouillage est dans de l’eau turquoise.
Nous devons attendre ici 3 mois la fin de la saison cyclonique avant de continuer vers le sud de l’océan Indien, fin mai.
Tous les atolls des Chagos ont été évacués de force par l’armée Anglaise en 1968. Les Américains ont installé leur plus grande base militaire en dehors de leur pays sur l’atoll de Diego Garcia (300 milles au sud de Salomon), à la condition que les Chagos soient inhabités. Les habitants des Chagos ont été déplacés contre leur gré vers l’île Maurice comme des parias.
La Pêche sous marine
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Poisson écureil
La pêche sous marine avec des copains est presque quotidienne, régime riz poisson !
J’ai pêché ce thon jaune de 20kg au fusil, record battu !
Il y a les crabes de cocotier sur l’île qui varient le menu.
On se retrouve souvent sur la plage pour cuire le poisson au barbecue.
Il y a pas mal de requins « pointe noire » dans le lagon. Quand ils insistent un peu trop on change de coin.
Les anglo-saxons, en majorité, de vont pas dans l’eau, ils préfèrent la pêche à la traîne avec leurs gros zodiacs équipés de 15 chevaux. Ils sortent du lagon pour pêcher de gros poissons autour de l’atoll. Chaque sortie leur coûte au moins 20 litres d’essence. J’en ai pris 30 litres pour 3 mois aux Chagos. Il leur faut beaucoup d’essence pour tenir 3 à 4 mois !
Il y a plusieurs sortes d’oiseaux ici.
Un passereau au beau plumage rouge ( cardinal) , à cette époque des amours, inspire Graida pour faire une mola qu’elle vend à des amis Australiens. Elle fait aussi d´autres Molas vendues à des équipages voisins.
Il arrive que le vent forcisse du sud au sud ouest, on a eu des rafales à plus de 40 nœuds et de fortes pluies au passage d’une dépression.Ca peut durer quelques jours. Heureusement le mouillage de Bodam est bien protégé. On en a profité pour refaire les pleins d’eau grâce au tau tendu au dessus du bateau.
Ce voilier Français a coulé l’an dernier, il s’est fait surprendre alors qu’il était sur un mouillage exposé aux vents du sud-ouest et de l’ouest.
A terre il reste quelques vestiges du village. Voici l’église.
On a fait une sorte de kermesse ou chacun proposait quelque chose (coiffeuse Thaïlandaise embarquée avec un Australien, Indienne Kuna en habit traditionnel vendant ses molas ! Gamine Américaine proposant son artisanat…)
Le 5 mai, qui est aussi mon anniversaire, c’est la fête nationale à Bodam, entre voileux, Ambiance Mexicaine ! On apporte des plats qu’on partage. La sono est installée et on danse en buvant des tequilas, Graida a eu besoin d’aide pour rentrer au bateau !
On apprend avec un Australien l´art du chapeau tressé en feuille de cocotier.
Les militaires Anglais viennent nous rendre visite tous les mois. Ils font le tour des bateaux pour vérifier si tout le monde a bien son permis payé par internet. Ils demandent aussi si tout va bien. Ils ont même invité tout le mouillage à un grand barbecue a bord de leur navire !
On quitte les Chagos et l’atoll de Salomon, le 21 mai.
Avant notre départ, la gazette de bodam est alimentée quotidiennement par les attaques de pirates Somaliens dans l’océan Indien. Par rapport aux années précédentes où les attaques étaient concentrées sur le golfe d’Adenne, à l’entrée de la mer rouge, cette année les pirates sont descendus jusqu’aux Seychelles pour attaquer les navires de commerce, de pêche et même les petits voiliers de plaisance! (voir carte). Il faut dire qu’ils demandent des rançons exorbitantes aux gouvernements, jusqu’a 3 millions de dollars pour un couple d’Anglais capturés entre les Seychelles et la Tanzanie ! La raison de ce changement de zone de chasse est que les navires militaires Américains, Français et autres ont voulu « nettoyer » la zone d’entrée de la mer Rouge, très fréquentée par les cargos et pétroliers. Les pirates ont trouvé moins risqué de changer de terrain de chasse. Beaucoup de voiliers, ici aux Chagos, ont choisi la route par l’Afrique du sud, plus longue, pour éviter la mer Rouge et ses dangereux pirates ! La route vers les Seychelles est bloquée, on entend dire que les voiliers qui y sont en escale n’ont pas le droit d’en sortir. Il y a eu une attaque de cargo récemment sur la route directe entre les Chagos et Madagascar, notre destination. Mais le 10 ème parallèle sud semble être leur limite, pour l’instant. Devant ses nouvelles inquiétantes, plusieurs voiliers décident de retourner en Asie. Je choisis l’option sud, vers l’île de Rodrigues, pour remonter ensuite vers Madagascar, évitant ainsi la zone des pirates.
Navigation de Salomon vers Madagascar
Un vent de sud-sud-est soutenu m’ empêche de faire cap direct vers Rodrigues,à 1000 milles au sud des Chagos. On y etait allé 9 ans auparavant lors de notre précèdent tour du monde. On vise tout just l’île Maurice. Ca remue pas mal et le pont est bien arrosé, au près. Puis pendant 2 jours on traverse une zone de convergence avec des grains violents accompagnés de forts vents de sud-est. Dans ces cas là on ne rêve que d’abattre (s’écarter du lit du vent) pour retrouver des mouvements plus doux dans les vagues. Finalement c’est ce qu’on fait quand on atteint une latitude assez sud pour traverser le grands banc des Mascareignes par 12 degrés sud, direction Madagascar. Effectivement ça change la vie ! On se retrouve au portant avec du beau temps et une mer assagie. On continue plein ouest, ce qui nous fait passer à plus de 150 milles au sud de la zone dangereuse des pirates. On croise quelques cargos. Le temps se maintient au beau. En approche de Madagascar, on met du nord dans le cap en direction du cap d’Ambre, l’extrémité nord de la grande île. Il est connu pour être assez rude avec une accélération du vent due aux montagnes et une grosse houle. On le passe au petit matin sans trop de problèmes, la houle est quand même forte et le vent soutenu. Derrière le cap le vent reste fort mais la houle a disparu, on s’arrête dans une baie bien protégée peu après, le 4 juin, après 1600 milles (3000 km) de navigation depuis les Chagos.
Madagascar
Le vent reste soutenu d’Est et nous repartons 2 jours plus tard vers l’île de Nosy Be, a 120 milles au sud. A Hell-ville, le port de Nosy Be, nous trouvons un restaurant ouvert le dimanche pour profiter d’un bon gueuleton, après 4 mois de régime forcé !
Hell-Ville
Madagascar est sous un régime politique instable. Il y a eu un coup d’état en début d’année à Tananarive, la capitale. L’économie du pays est au ralenti, surtout le tourisme. Les gouvernements étrangers déconseillent à leurs ressortissants d’aller à Madagascar. L’économie de Nosy Be étant surtout dépendante du tourisme, l’ambiance est plutôt calme. On vois assez peu de voiliers de passage.
Régate a Nosy bé
Départ!
L´équipage
On gratte le 10 mètres de ´´Napoléon´´
Arrivée sous spi
Peu de temps après notre arrivée, une régate est organisée par le « yacht club » à l’occasion de la fête nationale entre les voiliers de Nosy Be et les voiliers de passage. Le vent est faible, on arrive 9ème sur 15 voiliers au départ (ça fait quand même 6 derrière !)
On trouve de quoi s’approvisionner ici. Le marché est bien achalandé et les prix sont assez bas. Nous partons régulièrement vers les nombreux mouillages de la région. Les habitants des villages de pécheurs sont accueillants, Ils sont assez démunis et nous faisons beaucoup de troc (ameçons, nylons de pêches, outils, vêtements…).
En navigation, je trouve une pirogue abandonnée. Les deux fixations du balancier sont cassées. Je pense que la grande marée de la veille l’a deséchouée d’une plage et les courants l’ont amenée au large. Je la hisse à bord et un charpentier d’un village répare le balancier. Plus tard on l’améliore en réhaussant la poupe et en ajoutant un safran et un gréement.
Les bateaux locaux sont magnifiques. Ici tous les transports se font à la voile, marchandises et passagers. Par vent faible, Niaouli est pénalisé par son poids et sa surface de voile limitée. Je suis étonné de les voir avancer même chargés au maximum alors que nous sommes obligés de démarrer le moteur pour faire route.
Boutres
Il y a les boutres, ventrus et capables de charger plusieurs tonnes de matériaux divers.
Goélette
Les goélettes sont plutôt construites au sud de Madagascar à Bello sur Mer, où les conditions de mer sont plus difficiles. Elles servent aussi au transport de marchandises et matériaux.
Pirogues à balancier
Puis il y a les élégantes pirogues a balancier, que je préfère. Elles peuvent faire 15 mètres de long mais le plus souvent 8 à 11 mètres. Se sont des Praos : une coque fine et élancée, et un balancier. La surface de voile est importante par rapport au poids du bateau.
Construction de pirogue à balancier
On trouve souvent des charpentiers qui les fabriquent avec un outillage assez rudimentaire. Ils taillent d’abord une quille dans la masse d´un tronc d´arbre qui donne la longueur et la forme de départ de la coque. Les bordées sont ensuite taillées puis clouées les unes sur les autres en partant du bas, sur la quille, avec une telle précision (pour les meilleurs charpentiers) qu’il n’y a pratiquement pas de calfatage a faire ensuite. Aux deux extrémités 3 pièces de bois taillées en « V » sont assemblées les unes sur les autres. Les couples (renforts intérieurs) ne sont posés qu’à la fin pour renforcer l’ensemble. Ils ont l’œil pour donner la forme élancée et symétrique de la coque, sans gabarit !
Pour ployer une bordée, le charpentier la fixe solidement et la tord en l’imbibant d’un mélange a base d’huile de vidange au dessus du feux en la laissant le temps nécessaire.
Des le plus jeune age les enfants se passionnent pour la construction de pirogues et fabriquent eux même des modèles réduits qu’ils essayent sur la plage.
Je me prends au jeu et on construit avec le charpentier une maquette au 10 ème assez fidèle à une « vraie ».
Nous venons souvent dans 3 différents endroits que nous affectionnons pour la qualité du mouillage, le paysage et pour la sympathie des habitants.
Baramamaille
Baramamaille est une ria (entrée de rivière) bien abritée et profonde. Autour c’est montagneux et la large rivière provient de loin dans les terres. Il n’y a pas de route, tous les transports se font par bateaux a voile ou à pied.
Les plaisanciers l’appellent la rivière du miel. On nous propose souvent du miel sauvage récolté dans les environs. L’autre spécialité ici sont les crabes de mangrove. Ils sont énormes et copieux, délicieux avec de la mayonnaise !
Un autre mouillage sympa est Mamouco, réputé à Nosy Be pour son mouillage anti-cyclone à proximité. Il y a aussi pas loin une cascade d’eau de source accessible en annexe. C’est un plaisir de se baigner dans l’eau fraîche.
Mamouco
Les femmes attendent les pirogues de retour de pêche.
La cascade ou on vient remplir les géricans d´eau de source
Bérangomaina
Plus au sud et assez peu fréquenté par les voiliers de passage, le mouillage de la pointe Bérangomaina est d’accès assez délicat. Il y a des récifs de corail qui débordent assez loin de la côte. C’est important d’arriver avec le soleil dans le dos pour bien visualiser la passe, quand même assez large et profonde. Une fois entré, le mouillage est vaste et bien protégé. Nous venons là à plusieurs reprises, parfois pendant plusieurs semaines.
Au village de Bérangomaia:
Je pars souvent à la pêche avec deux amis.
On va souvent se ballader dans la matinée, avant les grosses chaleurs, avec Léonie et quelques gamins pour découvrir les alentours.
Un matin très tôt des bruits nous reveillent. C est une baleine à bosse et son bébé qui sont entrés dans la baie. Il nagent autour du bateau et retourne en mer.
Le charpentier refait la barre franche de Niaouli avec du bois local.
Des enfants viennent nous voir pour vendre ou échanger des fruits et légumes.
Nous faisons une fête au village. Je fournis l’essence pour le groupe électrogène, à sec depuis un moment. On amène aussi du Pastis tout préparés, ainsi que du jus de fruit pour les enfants. La fête est réussie !
îles Radames
Les îles Radâmes sont plus au large, à une dizaine de milles. Mais avec le régime de vents thermiques, venant de la mer dans la journée et de la terre la nuit, les mouillages ne sont pas trop confortables. Le vent d’ouest qui peut souffler la nuit rend le mouillage exposé aux vagues. La famille de Léonie déménage vers Antany Mora pour aller pêcher et sécher du poisson revendu plu tard sur Madagascar. Nous faisons leur déménagement avec tout un fourbi entassé sur le pont de Niaouli, heureusement par temps calme !
Mouniéca
Mouniéca est une jeune chienne que nous avons embarquée a Nosy Bé. Les enfants jouent avec elle. Mais elle n’en fait qu’à sa tête et adore chercher les ordures au bord de l’eau. Elle accueille les visiteurs inconnus en remuant la queue !
4 mois passent vite et nous devons déjà repartir vers l’Afrique du Sud avant la saison des cyclones qui va bientôt commencer. Nous quittons Madagascar à regret, vers Mayotte, a 200 Mille dans l’ouest.
Le vent est faible ou inexistant, le courant contraire. Il nous faut 3 jours pour arriver à Mayotte, la moitié au moteur.Mayotte est décevante. Nous ne restons pas longtemps et repartons fin novembre vers le Mozambique. Le vent est faible et instable pendant les 3 jours de navigation. On alterne la voile et le moteur. Le dernier jour le courant nous aide et le vent s’établit au sud force 4, on avance à 6 nœuds au près. Nous arrivons à Ilha du Mozambique le 23 novembre.
Ilha du Mozambique
C’est l’ancienne capitale du pays. L’actuelle, Maputo, se situe au sud du pays, près de la frontière avec l’Afrique du sud. Les Boers, colons Hollandais qui ont occupé l’Afrique du Sud, voulaient s’étendre vers le Mozambique. les Portuguais ont préféré veiller au grain en transférant la capitale près de la frontière.
L’ile est reliée au continent par un pont à voie unique de 3 km de long. Elle est restée dans la nostalgie de son passé. Les maisons, églises et bâtiments sont du style de la colonisation Portuguaise. Mais le temps a fait son oeuvre et il y a surtout des ruines suintantes de moisissure ouvertes à tous les vents.
Le fort, massif, avec sa chapelle ancienne (première construction occidentale en hemisphère sud, d’après le policier-guide qui nous a laisser entrer dans le fort) rappelle l’histoire des guerres de colonies du 15 eme au 19eme siècle entre les portugais, les Hollandais, les Anglais et les Français. Le commerce d’esclaves transitait aussi par le fort. On nous a montré dans les salles où ils étaient entreposés avant leur embarquement vers d’autres colonies.
Les voiliers locaux ont un look ressemblant à ceux de Madagascar, mais quand même pas aussi affûtés!
Je surveille la météo par intenet car à partir d’ici nous quittons les régimes de vents d’alizés tropicaux pour passer à un système de fronts, de dépressions et d’anticyclones dans le canal de Mozambique. Tout cela est en mouvement permanent et le vent change alors de direction et de force. Il faut trouver la bonne « fenêtre météo » pour une navigation réussie. Cela est surtout vrai en approchant du sud du canal du Mozambique et en Afrique du Sud. Nous sommes grandement aides par l’outil internet. Il y a des sites qui prévoient le temps sur 7 jours, avec une bonne précision sur 2 à 3 jours. Justement il y a une bonne fenêtre le dimanche 29 novembre. Elle prévoit du vent de nord pour au moins 5 jours ! Un courant longe la côte du Mozambique et d’Afrique du Sud en direction du Sud, ça nous aide bien.
Navigation de Ilha du Mozambique à Richards Bay (Afrique du Sud)
Nous quittons la protection du mouillage le dimanche matin. Nous bénéfition d’un bon vent de nord Est et naviguons a 8 nœuds grâce au courant favorable! Le lundi soir le vent monte force 6 et nous continuons sous génois seul tangoné. La mer devient agitée. Le mardi en fin de matinée le vent redevient plus calme et me permet de renvoyer de la grand voile. Le mercredi dans la nuit un orage ne passe pas loin et le vent passe à l’ouest en forcissant à l’approche du grain. La grand voile est affalée le temps que le grain passe. Deux heures après le vent revient au nord-est et on reprend la route, sous grand voile et génois. Nous pensons arriver à Inambanne, au sud du canal du Mozambique, mais l’entrée est délicate. Il y a des bancs de sable assez loin de la côte. Un chenal permet de rentrer à marée haute seulement. Le courant de marée y est assez fort et modifie la position de la barre d’entrée. Les vagues brisent dessus quand il y a de la houle. Nous y avions fait escale en 2000.
Nous arrivons a 20 milles au nord de la barre de Inambane en début de nuit le vendredi 4 décembre, la marée est haute le lendemain matin à 6 heures. Je mets en panne en pensant laisser Niaouli dériver toute la nuit pour rentrer dans la passe le lendemain matin. Mais l’effet du courant et du vent nous fait deriver à 3 nœuds vers le sud ! On décide alors de continuer pour profiter des bonnes conditions. Nous passons Inambane cap au sud.Vers 4 heures du matin le vent tombe complètement. Je démarre le moteur pour la première fois depuis Ilha Mozambique. Au sud, un orage illumine le ciel d’éclairs. Je vais bien arrimer la grand voile affalée avec des sangles et je range le pont, au cas où ! Le ciel noir s’approche de nous puis le vent se lève de sud-ouest, faible au début jusqu'à ce que le grain arrive. Le vent monte alors brusquement pour devenir très fort pendant deux heures. Voiles affalées, moteur arrêté, nous attendons à l’intérieur que ça se calme. A l’aube le vent est de sud-ouest force 6 a 7. J’envois un peu de génois et nous faisons route au sud-est, travers au vent à 5 noeuds. En milieu de matinée le vent vire brusquement au sud-est ! M’étant suffisamment écarté de la côte vers le large, je peux prendre le cap au sud-ouest, direction l’Afrique du Sud, en passant bien au large de la côte. Niaouli est vent de travers bâbord amure, force 6. La houle est croisée et le bateau se fait chahuter par les vagues. En début d’après midi le vent est moins fort mais la mer reste inconfortable. Le soir j’attrape une météo avec le récepteur radio. Le vent va revenir au nord-est pendant deux jours, ce qui nous permet d’aller à Richards Bay en Afrique du sud avec du vent portant. Le lundi matin, le vent est au nord-est force 4, grand voile et génois tangoné en ciseau. En fin de journée il faut prendre un ris, puis le deuxième. On est sous génois seul en début de nuit. Le vent se renforce toujours de nord nord est. On réduit encore le génois tangoné pendant la nuit. On s’est rapproché de la côte et au matin du 8 décembre on arrive au phare du cap st Lucia, à 25 milles au nord de Richards Bay. Jusqu'à Richards bay on reste à moins de 5 milles de la côte. Le ciel est dégagé, il y a 30 nœuds de vent, 40 nœuds par moment, venant du nord. La côte nous protège un peu des vagues.
Sur l’avant de Niaouli on distingue un jet de vapeur rabattu par le vent, puis le dos sombre et massif d’une baleine à bosse, fendant les vagues. Elle est en route au même cap que nous. Niaouli avance à plus de 6 nœuds et la rattrape doucement. Pendant quelques minutes on navigue bord a bord, c’est magique! Elle est bien plus longue que Niaouli. Mais elle nous a repéré quand on arrive à son niveau et elle lève la queue vers le ciel pour sonder puis disparaît.
Nous passons entre les digues de Richards Bay avant midi et amarrons Niaouli au même quai qu’il y a 9 ans. On apprends que depuis hier soirs 10 voiliers sont arrivés a Richards Bay, en provenance du Mozambique. Ils attendaient depuis 8 à 9 jours une fenêtre météo dans différents mouillages pour naviguer vers Richards Bay.
On a mis 9 jours depuis Ilha Mozambique, pour 1000 milles parcourus.
Afrique du Sud
Richards Bay
Le port est plein de voiliers étrangers à destination de Cap Town et de l’Atlantique. Le lendemain, 3 autres voiliers arrivent encore. Tout le monde en profite pour les bricoles plus ou moins sérieuses qui attendaient d’être réglées. Chacun à fait sa check-list et va vers la zone industrielle pour trouver les pièces impossibles à trouver avant. L’Afrique du Sud est un pays moderne en comparaison du reste de l’Afrique ou de Madagascar. La discussion récurrente est au sujet de « la fenêtre météo ». C’est à partir de maintenant qu’on ne rigole plus avec le fort courant des aiguilles et les fronts froids qui passent chaque semaine. Il faut une journée pour arriver à Durban, ou 3 jours pour East London. Le temps est chaud et ensoleillé un jour, froid, pluvieux et venté le lendemain !
On en profite pour visiter des réserves d’animaux dans les alentours.
Je peints la pirogue de Madagascar et l’essaye dans le port, elle marche bien !
De l’autre coté du port il y a un yacht club ou des voiliers sont au sec sur un terre-plein. A l’entrée, un arbre abrite une colonie d’oiseaux tisserans, leur nid est un art de vannerie!
Dans le port une cale permet de nettoyer le bateau à marée basse.